22 Décembre 2014
Je plaidais il y a peu devant la Cour d’Assises de la Vienne, en compagnie de mon amie Patricia COUTAND, avocate à POITIERS, pour un homme à qui l’on reprochait d’avoir tenté d’assassiner sa compagne.
Les faits étaient relativement simples, et je choisis de les simplifier encore : Monsieur B., alors qu’il pensait construire une relation durable et solide avec une femme parfaite, ne s’apercevait pas qu’un certain nombre de ses travers avaient fini par agacer celle-ci, qui finissait par le quitter.
Ne supportant pas cette rupture qui le renvoyait à ses échecs successifs, il se rendait chez sa future victime, armé d’un couteau de cuisine et lui portait un coup au thorax en criant « je vais te buter ».
La victime, touchée mais pas inconsciente, se relevait et quittait les lieu pour rejoindre une maison voisine à 200 mètres, d’où elle appelait gendarmes et pompiers. Elle sortait de l’épreuve blessée mais sans séquelles physiques (bien entendu il en allait différemment sur le plan psychologique, l’agression ayant été particulièrement violente et soudaine, à son domicile et de la part d’une personne de confiance).
Monsieur B., après 3 ans et demi d’instruction, était condamné pour tentative d’assassinat à une peine de 10 années de réclusion criminelle.
Nous avions plaidé la requalification en violences avec arme, estimant que la volonté de tuer n’était pas établie dans ce dossier, mais sans succès.
Un peu abasourdi à mon retour au cabinet, je tentai de comprendre ce qui avait dérapé à ce point. Je compulsai mes archives et pour la seule année 2014, retrouvai 3 cas qui me semblent comparables, mais dont le dénouement a été fondamentalement différent.
Alors oui, quand je rentrai du procès de Monsieur B., condamné à 10 années de réclusion pour avoir porté un coup de couteau dont la blessure, d’après le médecin légiste, s’est refermée et a cicatrisé en quelque jours, je m’interrogeais sur ce qui n’avait pas fonctionné.
Et si le Parquet, comme dans tant de cas comparables, avait décidé de saisir le Tribunal correctionnel, même en comparution immédiate ?
Toutes les décisions que je cite ont fait l’objet de publications dans la presse, elles sont facilement consultables par Monsieur B. ou sa famille ; Dois-je lui expliquer qu’à la loterie de l’opportunité des poursuites, il a simplement tiré le mauvais numéro ?
Dix ans de réclusion pour l'agresseur au couteau
Les avocats de François Boistard, M es Takhedmit et Coutand. - (Photo Patrick Lavaud) A l'issue de deux jours de procès d'assises, François Boistard a été condamné à 10 ans de réclusion pou...
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